Hommage à Victor Kortchnoï
Le 6 juin 2016 disparaissait l'âge de 85 ans l'une des légendes des Échecs modernes, Victor Kortchnoï. Nous avons souhaité, par la plume de Patrick Epelly, rendre un hommage à ce grand champion.
« L’élément humain, les insuffisances humaines et la noblesse de l’homme,
ce sont les raisons pour lesquelles les parties sont perdues OU gagnées ! »
d’après Victor KORTCHNOï
Victor KORTCHNOI (Kortschnoj dans les DATABASES) affronte Anatoly KARPOV à Baggio aux Philippines en 1978 pour le titre de champion du monde. La règle vient juste de changer, c’est celui qui remporte le premier 6 victoires qui est sacré. KARPOV domine naturellement comme depuis 5 ans dans les tournois fermés du monde entier (oscar du meilleur joueur 5 années de suite), mais KORTCHNOI a une stratégie : Il fatigue son adversaire comme dans la 15ème partie qui dure 154 coups et qui est ajournée 2 fois avec coup sous enveloppe. Alors que KARPOV est à une seule victoire en menant 5-2, il s’écroule physiquement et psychiquement et se fait remonter 5-5 aux 28ème, 29ème et 31_ème parties.
La tension est à son comble pour la 32ème partie, dans les médias et l’univers des échecs. Est-ce l’exclusion de KORTCHNOï en 1976 de l’équipe soviétique pour cause d’âge ou de concurrence à KARPOV le préféré du KREMLIN, ou l’exil forcé via les PAYS-BAS puis la SUISSE, ou l’emprisonnement au goulag de son fils pour 4 ou 7 ans, ou encore la mise en résidence surveillée de sa femme qui ressurgissent sur le Dissident ?
KORCHNOI perd avec sa défense PIRC, ou Russe ou Oufimsev, trop timorée, et même s’il proteste, hurle, dénonce encore le parapsychologue russe, le Dr ZOUKAR, attaque KARPOV devant les tribunaux internationaux, KORTCHNOI n’est pas champion du monde en 1978 tout en remportant l’Oscar du meilleur performeur pour sa remontée spectaculaire de 2-5 à 5-5 !
En 1975, il perd contre le même KARPOV 2-3 en finale des candidats sur 12 partie.
En 1981, il réussit à jouer la finale mondiale à l’âge de 50 ans contre toujours le même KARPOV et perd 3-6 sur 24 parties. On lui annonça la mort de son fils par téléphone dans un camp de travail et il perdit 3 des 4 premières parties sur des erreurs de jugements incompréhensibles ; La nouvelle était fausse !
En 1983, il tombe en quart de finale devant le très jeune ogre de BAKOU et non moins célèbre KASPAROV, 20 ans, et perd 4-7 sur 12 parties.
KORTCHNOï n’abandonnera jamais les échecs et la compétition de haut niveau. Il jouera jusqu’à plus de 83 ans des tournois de Grands-Maîtres. Il affrontera KASPAROV à GENEVE en 2003, en rapide. Contre sa défense française fétiche, KASPAROV use d’une nouveauté 8 Dd3 et réalise une miniature. KORTCHNOï continuera jusqu’au mat pour témoigner de la magnifique combinaison : c’est un grand champion.
KORCHNOï est de la trempe des TARRASH, RUBINSTEIN, KERES, RESHEVSKY, BRONSTEIN, SHIROV qui ne seront jamais champion du monde mais qui marqueront toujours les Echecs.
Voyons cette exécution de KORTCHNOI en 1978 contre une jeune Grand-Maître hollandais, que tout joueur d’échecs peut conserver dans ses notes, et qui m’éveilla souvent la nuit précédente d’un match.
Hug,Werner - Kortschnoj,Viktor [E04]
Switzerland Switzerland, 1978
1.Cf3 e6 2.g3 d5 3.Fg2 c5 4.0–0 Cc6 5.c4